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Moorea, Polynésie - 16 août 2003
Notre dernière nuit, notre dernier jour dans la Pension Armelle.
Notre dernier jour sur l'île de Tahiti, si belle mais trop grande,
trop bétonnée, trop peuplée. Nous partons pour les îles, comme
Jacques Brel.
Le temps de régler notre séjour à la Pension. La
carte de crédit ne se laisse pas lire, nouvelles remarques désagréables
de notre hôte ; nouvel essai (son fils vient à la rescousse),
ça marche. Armelle sourit, maudite commerçante ! Nous n'aurons
pas reçu de collier de perle pour notre arrivée, mais recevons
un collier de coquillages pour notre départ. Il sent la mer et
chante lorsque les petits coquillages se frôlent. Il est temps
de nous évader.
Nous attendons le bus public, à quelques dizaines de mètres de
là, accompagnés de nos inséparables, nombreux et lourds bagages.
" Notre appartement ", comme nous les appelons, en plaisantant,
avec Mathieu. Le soleil tape et l'attente se fait longue. Lorsque
enfin le bus apparaît, nos signes désespérés n'y font rien, il
passe sa route. Nous voilà perdus, chargés, au bord de cette petite
route, avec un ferry qui largue les amarres dans deux heures.
Il ne nous reste, une fois de plus, que le stop, bien improbable
avec autant de bagages. Nos doutes se confirment, aucun véhicule
ne s'arrête. En désespoir de cause, Mathieu glisse un billet de
1000 CFP dans sa main et le tend au-dessus de la route. Immédiatement,
une camionnette s'arrête. Mais son jeune conducteur refuse catégoriquement
l'argent. Il est même étonné que personne ne se soit arrêté avant
lui. Je grimpe à l'avant, Mathieu à l'arrière, dans la remorque,
avec tous nos bagages.
Il
a le sourire franc de ceux qui aiment bavarder. Il vient de terminer le travail
et rentre à la maison. Il bosse dans le secteur de la construction et ça marche
fort pour sa petite entreprise. Il vient de terminer un somptueux " Beachcomber
" sur l'île de Bora Bora. De petits bungalows, les pieds dans l'eau. Le nouveau
propriétaire les louera 134000 CFP la nuit et ça le fait sourire, notre chauffeur.
Ici, l'argent semble ne pas avoir de valeur.
Nous arrivons
dans les temps au port de Papeete. Le ciel se voile et une pluie tropicale s'abat
lorsque le géant catamaran accoste. Nous quittons Tahiti sous la pluie mais à
45 minutes de là, l'île de Moorea luit sous le soleil.
Un trop plein
de verdure, baigné de lagons turquoises et coiffé d'une montagne majestueuse :
le mont Rotui, qui ressemble curieusement à notre Cervin. Le temps semble s'être
arrêté. De vieux School bus américains attendent, au port, les touristes avant
de les disséminer dans leurs pensions et hôtels. Un bus part à l'Ouest, l'autre
à l'Est. Il n'y a qu'une seule route à Moorea, qui longe la mer. Impossible de
se tromper. Le bus se remplit jusqu'à n'en plus pouvoir. Des locaux, beaucoup,
et quelques touristes aventureux ou économes : les taxis de l'île sont réputés
pour être les plus chers du monde.
A mes côtés, un jeune
étudiant vient se reposer quelques jours ici, avant de reprendre ses cours à Tahiti.
Pas le choix, lui qui vient des somptueuse Marquises, que Brel a chantées, jusqu'à
son dernier souffle… il a dû abandonner son petit paradis pour " la ville ".
Un couple de métropolitains quinquagénaires se
presse, ce seront sans doute les derniers. Tous les sièges du
bus sont occupés et même davantage. Madame porte la culotte, Monsieur
les valises. Ils passent un mois ici, trottant d'une île à l'autre,
luttant contre les jours qui passent. Sans doute les vacances
d'une vie.
-
Dans quelle pension descendez-vous ?
- La Pension
Aïto, au PK 11,1
Elle vient d'y passer une nuit. Son
expression en dit long. Elle me décrit longuement la saleté des lieux, la longueur
des cafards, qu'ils ont chassés toute la nuit, l'équipement des chambres. Elle
est persuadée que ce sont des garages, vétustement aménagés. Elle me fait rire,
avec son côté petit doigt levé. Je m'en fous de la propreté, des bestioles. A
ce moment précis, je n'aspire qu'à un peu de sympathie, c'est tout.
Le
bus s'arrête devant la Pension. Une lourde barrière de bois la cache. Tout autour
rien, juste de la verdure. Et plus loin, la montagne, vierge, qui a su préserver
ses coteaux, trop escarpés pour y construire d'horribles propriétés privées. Au
téléphone, nous avions expressément demandé au propriétaire de la pension si il
y avait des commerces alentours, sachant que nous n'avions pas les moyens de manger
dans son restaurant. Oui, bien sûr, avait-il répondu. Non, bien sûr, avons-nous
observé.
Nous poussons la barricade. Un Corse sel et poivre
nous reçoit :
- Je vous attendais hier !
-
Non, nous avons réservé à partir d'aujourd'hui.
-
Demain alors ?
Bizarre, cette culture de la contradiction.
Qu'importe. Il nous présente notre chambre, plutôt sympa, très traditionnelle.
Des pans de bambous séparent un petit hall d'entrée d'une pièce plus vaste où
s'étire le lit. A côté, une salle de bains, sans plafond, propose basiquement
les installations nécessaires : lavabo et douche. Mais la porte ne se ferme pas.
Impossible pour nous d'y rester, notre assurance ne couvrirait pas un vol dans
un lieu non sécurisé. Nous ressortons pour négocier une autre chambre. Au détour
du bâtiment principal, nous longeons " la plage de rêve ". L'eau est sombre, des
milliers de particules étranges flottent à sa surface, pas de sable, juste des
rochers, impossible donc de s'y baigner. Dans la Pension, personne ne semble présent.
Pas de propriétaire, pas de client. Mat appelle et pousse gentiment la porte du
restaurant. Un chien en furie l'en empêche, en lui pinçant le bras.
C'est
décidé, nous repartons. Le Corse sel et poivre fait une grimace :
-
30 personne ont téléphoné aujourd'hui, pour avoir une chambre. J'ai tous dû les
refuser. Comment je fais maintenant, hein ? Il va falloir que je trouve un autre
couillon.
Textuellement… Nous passons outre les politesses
d'usage et claquons le portail. Nous recomptons nos quelques sous et nous résignons
: pour avoir quelque chose de décent dans ce pays, il faut payer… et payer cher.
C'est finalement au Moorea village que nous logerons : de petits fare privés,
posés au bord d'une plage de sable blanc, la plus belle de l'île.
Ça
ressemble au Paradis… une grande pièce délicieusement décorée et sertie de bois
chaleureux. Une salle de bains neuve, rutilante. C'est notre récompense, enfin.
Qui nous permettra de savourer toute la douceur du lagon émeraude de la belle
Moorea.
Nous l'apprenons dans le journal local : les baleines
viennent d'arriver aux abords de l'île. Petite parenthèse, le temps de s'aimer
et de se reproduire. Avant de regagner les eaux glacées de l'Antarctique. Michael
Pool, un réputé biologiste marin, nous invite à l'accompagner en mer, le dimanche
suivant.
Michael est Californien. Mais c'est aux Bermudes
qu'il tombe amoureux de la mer et de ses géants. A l'âge de 5 ans, il se promet
d'en faire son métier. Tout son parcours suivra cette résolution et son rêve devient
réalité une vingtaine d'années plus tard. Son très sérieux centre de recherches,
allié au CNRS, est blotti au pied du Mont Rotui. Devant nous, les deux bras de
mer s'enfoncent dans l'île. Derrière, il n'y a que la verdure.
Michael
observe les baleines et les dauphins à long bec avec Robert, un Polynésien au
regard azur, dont les compétences scientifiques dépassent largement celles d'un
simple matelot. C'est lui qui vient nous chercher, très tôt, ce dimanche matin,
sur le Ponton du village. Un jeune couple l'attend déjà. Des Métropolitains sans
doute…
Avant la rencontre magique, il faut d'abord faire
la tournée des hôtels de luxe. Une vingtaine de touristes s'est inscrite au prix
fort : 7000 francs pacifiques, ça fait cher la balade. Et ils en veulent pour
leur argent, du sensationnel garanti ! Michael les rassure :
-
Nous avons 90% de chances de voir des dauphins et 70% de voir des baleines.
Soupir
de soulagement à bord. Robert pousse la manette et le bateau dépasse la barrière
de corail. Sous nos pieds, les eaux sont désormais profondes, jusqu'à 100m de
fond. Des récifs abrupts, donnant sur des fosses sombres, capables d'accueillir
les géants des mers, quelques semaines par année.
Voilà bientôt
une heure que Michael et Robert scrutent l'horizon. Les eaux sont désespérément
calmes. Alors qu'ils s'apprêtent à rebrousser chemin, un frisson secoue le navire.
A quelques mètres de nous, une ombre noire vient de jaillir des flots, elle disparaît
aussitôt. Ma première baleine à bosse… j'envisage enfin toute l'étendue de ce
mammifère. Rien que le dos paraît quatre fois plus long que notre petite embarcation.
Et un doute intuitif me traverse : si la géante nous heurtait ? Mais à mes côtés,
Michael s'enthousiasme déjà :
-Je la reconnais. C'est
Hump. On l'a déjà vue hier, presque au même endroit.
Comme
un rendez-vous secret, une histoire d'amour. Hump disparaît et réapparaît, curieuse
et joueuse. A ses côtés, une deuxième baleine surgit, puis plonge verticalement,
ne laissant immergée que sa queue. Un baleineau ? Non, trop imposant. Sans doute
un prétendant qui lui fait la cour.
A bord, les enfants hurlent
à chaque fois que l'une des baleines apparaît. Mat filme, sans s'interrompre,
pour ne surtout louper aucune immersion. Et moi, je me tais, fascinée, subjuguée
par ce qui se déroule sous mes yeux. J'imagine Hump, volant littéralement dans
l'eau, passant sous notre bateau. Prendre son élan pour réapparaître enfin.
Mais
déjà, d'autres touristes approchent. Une, puis deux embarcations. Michael demande
à Robert de faire demi tour. Alertées par le bruit des moteurs, les deux amoureux
s'éloignent.
Hump a survécu aux massacres. Durant plusieurs
siècles, ses congénères ont été chassées, dans les océans du monde entier. Pour
leur viande, leur graisse, ou alors tout simplement pour le sport. Depuis, tous
les pays l'ont interdit. Tous, sauf le Japon. 90% des baleines à bosse ont été
tuées. Hump, la miraculée…
A bord, le spectacle continue.
Dans la tranquillité d'une baie, de petits ailerons dansent avec les vagues. Ils
sont des dizaines, peut-être davantage. Tellement nombreux qu'il en devient impossible
de les compter. Les voilà donc, les protégés de Michael, le fruit de toutes ses
études. Les petits dauphins à long bec, les seuls cétacés à passer leur journée
dans les eaux calmes du lagon. Ils passent ici ces quelques heures. En groupe,
qui se dissoudra sitôt les premières lueurs du soir apparues. Ils nagent, jouent
avec tout ce qu'ils trouvent et surtout, ils font l'amour. Tout le temps, avec
tout le monde. Mâle avec femelle, mâle avec mâle, femelle avec femelle, maman
avec enfant, sœur avec frère.
Ils s'approchent du bateau
puis s'en éloignent un peu, avant de revenir. Leur ballet frénétique est fascinant.
Ils s'émergent par petits groupes, une poignée de nageoires dorsales qui s'enfonce
dans l'eau. Puis réapparaissent, inlassablement. Dans le lagon, ils se nourrissent
et fuient les prédateurs du grand large : requins, orques, humains. Mais le danger
les rattrape et les côtes de Moorea peuvent devenir leur tombeau. Trop de moteurs,
trop de bateaux, trop de déchets, trop de curieux. Entre pression psychologique
et risque d'étouffement, Michael a tiré la sonnette d'alarme et vient d'obtenir
une interdiction de harceler tous les cétacés marins, dans les eaux limpides de
Polynésie française. Une sanctuaire de plusieurs millions de kilomètres carrés
: le plus grand du monde s'enorgueillit notre biologiste. Doux paradoxe. Lui qui
les aime tant, ne les harcèle-t-il pas aussi, avec ces navires de touristes qui
crient. L'enchère du sensationnel n'a-t-elle pas de prix ?
Après
plus de quatre heures en mer, il est temps de rentrer les touristes dans leurs
bungalows de luxe, sur pilotis. Ces mêmes bungalows que Michael aimerait voir
disparaître, pour le bonheur de ses dauphins. Mais ce jour-là, il se tait. La
journée lui a rapporté gros. Le jeune couple de métropolitain fait ses comptes.
Michael empoche 40'000 francs français. Ils paraissent aigris. Autant pour si
peu ? Moi, je viens de vivre l'une des émotions les plus fortes de ma vie. Et
je le sais : ça n'a pas de prix.
Le soleil se couche sur la plage de Moorea. La mer se pare d'or et de feu. Tout
paraît surnaturel. Nous sommes là, à l'autre bout du monde, sur le territoire
le plus éloigné de tout continent. Observer l'horizon donne le vertige. Notre
petite vie est tellement loin, derrière ses vagues. Des chants traditionnels polynésiens
s'échappent du restaurant de l'hôtel. Un autre de ces attrape-touristes, dont
ils sont si friands. De notre île perdue dans l'immensité de l'Océan pacifique,
nous trouvons une cabine téléphonique qui nous reliera à la Suisse. Mathieu appelle
sa maman, c'est le jour de son anniversaire. Elle vient de se réveiller et ne
peut pas trop s'étendre. Le travail l'appelle. Dieu que nous nous sentons loin…
Moorea a échappé à ce boom touristique qui a défiguré l'île
magique de Bora Bora. Les commerces et les hôtels restent à dimension humaine.
Le pourtour de l'île, sauvage, offre de merveilleuses escapades. Dans les environs
de notre lieu de résidence, la civilisation s'est organisée. Club Med oblige,
l'un des plus gros du monde, qui vient de fermer ses portes. La faute au 11 septembre 2001,
sans doute. Ou aux prix excessifs, qui sait ? Ce soir-là, nous pensons siroter
une bière sur la terrasse de " l'F ". 300 francs pacifiques la pression, c'est
la moins chère de l'île. Mais le petit bistrot est en train de fermer. Son patron
lave les derniers verres. Nous lui demandons donc où trouver un endroit bien et
pas cher pour boire un apéro et éventuellement manger. Ça le fait sourire.
-
Il n'y rien de bien et pas cher en Polynésie française. Il y a bien ou pas cher.
Tout est dit. Et il connaît le sujet. Il a vu les hordes
de gentils membres prendre d'assaut les boutiques du coin et acheter tout ce qui
se vend. Les paréos sont importés d'Indonésie, 2 euros/pièce. Ils sont revendus
ici dix à vingt fois plus cher.
- A l'époque, les touristes
ne comptaient pas leur argent. La Polynésie, c'était la destination d'une vie.
Et nous, les commerçants, on a perdu la valeur de l'argent. Regardez…
Il
nous sort un menu. Celui de son restaurant, à l'époque dorée du Club Med. C'était
il y a deux ans, son entrecôte était alors facturée 1990 francs pacifiques. Aujourd'hui,
elle est affichée à 900 francs.
- C'est exactement la même
entrecôte. Et 900 francs, c'est le prix que je la paie au kilo.
Indécent.
Il parle encore de ces touristes qui " arrivent avec des glacières au Sheraton
", du jamais vu ici. Plutôt que crever, il a préféré s'adapter à cette nouvelle
clientèle et baisser ses prix. Les autres commerçants lui en veulent. Entre menaces
écrites et plaintes à la police (pour concurrence déloyale, on croit rêver), "
l'F " ouvre la voie à un nouveau type de tourisme en Polynésie française. Les
jeunes osent enfin y rêver. D'ailleurs, il songe maintenant à ouvrir une discothèque.
La première de l'île. Eloquent !
Ce soir-là, nous mangeons
donc dans un restaurant en bord de mer " pas cher ", mais très convenable. C'est
une petite dame, indonésienne sans doute, qui fait tout : service et cuisine.
Elle prend même le temps de plaisanter avec les clients.
Il
fait nuit, au-dessus de Moorea. Une nuit incroyable, que l'on ne voit qu'ici.
Perdues en plein Pacifique, les étoiles luisent comme nulle-part ailleurs. Leur
seule lumière suffit à éclairer la petite terrasse. On ne reconnaît aucune constellation,
c'est une ciel nouveau, que seule la Polynésie peut nous offrir.
Au
loin, un petit bateau de pêcheur s'éloigne de la rive. On voit sa lampe progressivement
disparaître, un homme seul au milieu de toute cette immensité. Il plonge et chasse
ses proies à la seule force de son harpon. Demain, aux premières heures, elles
seront vendues au marché. En Polynésie française, la journée commence tôt, c'est
le soleil qui décide. A 4 heures du matin, les commerces ouvrent, le trafic enfle,
l'île s'anime. Et le soir, lorsque le soleil décline, tout s'arrête. Il est 17
heures, parfois 18. C'est un autre rythme, dicté par la nature.
Mais
ce matin-là, nous précédons le soleil. Il fait nuit lorsque la petite camionnette
s'approche de l'entrée de l'hôtel. Les yeux encore collés, nous grimpons à l'arrière
et nous laissons conduire. Un dernier tour de l'île dans l'obscurité. D'autres
touristes attendent ci et là. La camionnette s'arrête et repart aussitôt. Le long
de la petite route côtière, les habitations se réveillent. La journée commence.
De l'autre côté, la mer chante et se balance. Etrange sensation, drôle d'aurevoir,
dans l'intimité d'un sommeil.
Le petit aéroport de Moorea se prépare à recevoir
de nouveaux arrivants et s'orne de paillettes. Les femmes de ménage
astiquent, les commerçants s'organisent. Il est cinq heures. Dernier
appel pour les passagers à destination de Tahiti. 10 petites minutes
de vol au-dessus du lagon de l'île sœur, avant de rejoindre l'aéroport
international. Ce matin-là, Moorea nous offre un splendide lever
de soleil. Le cœur se serre, il est temps continuer. Et de garder
comme un trésor le spectacle qui se déroule sous nos yeux, le
souvenir d'une région entre ciel et terre, au paradis, tellement
loin de la Planète Terre.
Lire la suite : Voyage à Auckland, Nouvelle-Zélande
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