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Death Valley - 29 juillet 2003
De 15 à 50 degrés. et pourtant à quelques centaines de kilomètres
à l'est de San Francisco. Nous sommes à Baker, une ville stations
service longeant la Freeway en direction de Las Vegas. Baker et
son thermomètre le plus haut du monde, en hommage à la journée
la plus chaude des Etats-Unis : 57 degrés un après-midi de 1913.
Ce n'était pas ici, mais à peine plus loin.
On devine à l'horizon
une route sillonnante, semblant disparaître sous terre : la Vallée
de la mort, à 86m en dessous du niveau de la mer. Le point le
plus bas du pays, le plus suffoquant aussi. La voiture de location est équipée de la climatisation, 3000 km au compteur. Elle devrait
relever le défi. Un dernier plein d'essence (son prix vient de
baisser… tiens donc !) et nous nous éloignons de la très fréquentée
Freeway pour nous engouffrer dans ce sillon, le plus profond de
l'Hémisphère Sud .
Aucune voiture devant, aucune voiture en face, aucune voiture
derrière. On entend déjà le vent hurler dans le désert. Rien ne
l'arrête, aucun obstacle si ce n'est quelques frêles buissons
asséchés.
Lorsque,
tel un mirage, quelques bâtiments se profilent… on croit rêver. Entre nulle part
et rien d'autre s'étire Shoshone et son motel, sa station essence et son café :
" C'est si bon ", en français dans le texte. Le gérant ne parle qu'anglais, mais
son ex-femme était française. Elle est partie, lasse de l'isolement sans doute
? Nous évitons la question, car il l'aime, sa Shoshone et il en est fier. Envers
et contre tous, même son épouse… " C'est si bon " propose même une connexion Internet.
Un bête modem à près de 10$ toutes les 10 minutes, ça frôle l'entraide sociale
mais qu'importe, nous relevons rapidement nos emails et laissons Shoshone derrière
nous.
La
route entame sa descente. De virages et dos d'ânes, voici Death Valley Junction.
Une ville fantôme qui se métamorphose en station touristique la haute saison venue.
En hiver, lorsque les températures redeviennent raisonnables.
Nous
y sommes. Voilà donc cette mythique Death Valley, qui a enterré tant de pionniers
et qui, aujourd'hui encore, enlève des poignées de touristes inattentifs ou tout
simplement inconscients. Elle doit son nom aux chercheurs d'or du début du XXe
siècle. Ils virent nombre des leurs mourir d'épuisement, de soif ou de chaleur.
Lorsque les rescapés atteignirent l'extrémité de la Vallée, ils s'écrièrent :
-Dieu merci de nous avoir sortis de cette Vallée de la
Mort !
Le nom est resté et la réputation aussi. Au petit
musée du Visitor's Center de Furnace Creek, nous nous attardons un instant sur
leurs visages, couchés sur des photos jaunies par le temps. Certains ne l'ont
que traversée, d'autres s'y ont installés.
En
ressortant du centre d'informations, nous contournons un véhicule noir étrange
; un monstre, scotché de toutes parts, afin d'en cacher la marque. Nous apprenons
néanmoins qu'il s'agit d'une Mazerati, la toute dernière, encore indisponible
sur le marche. Son conducteur, testeur pour le constructeur automobile, vient
la pousser ici jusqu'à ses extrêmes limites. L'engin doit résister à la vitesse,
à la chaleur, à la route décousue. D'un siècle à l'autre, les pionniers ont changé
de visage, mais ils sont toujours là…
La pluie se met à tomber
sur la Vallée de la Mort. Incroyable… cela n'arrive qu'une fois par année, 3 cm
en tout... L'homme à la Mazerati repart déçu, il ne pourra pas la tester aujourd'hui.
La Vallée de la Mort se pare d'ocre et d'émeraude. Elle redevient viable le temps
d'une averse.
DIMANCHE 3 AOÛT 2003
Nous
reprenons l'Interstate, bordée de panneaux publicitaires. La ville se rapproche.
Jusqu'à ce bruit sourd. La voiture vacille, devient immaîtrisable. Nous parvenons
à l'arrêter sur la bande d'arrêt d'urgence : le pneu vient d'éclater. Impensable,
en plein milieu du désert. Les trucks nous frôlent, secouant violemment le véhicule.
Dans le coffre, l'agence de location a prévu le kit de secours : un pneu, un cric.
A près de 45 degrés à l'ombre de la petite voiture, nous tentons de dévisser cette
satanée vis. Impossible. Il n nous reste qu'à remonter la Freeway jusqu'à la prochaine
aire de repos. Elle ne tarde pas à se montrer. Des dizaines d'automobilistes font
la queue devant les toilettes. Pas de garage, pas de restaurant, juste un téléphone.
Nous tentons donc de joindre le AAA, l'Association automobile américaine. Lorsque
le miracle se produit. Un petit camion de dépannage se parque à quelques mètres
de nous. Nous regroupons nos dernières forces et courons le rejoindre.
-Vous
êtes vraiment chanceux, vous deux. Je m'arrêtais simplement pour passer une serviette
sur mon rétroviseur. Allez, montez ! On va voir ça.
Nous
en aurions eu sinon pour une bonne heure d'attente. Il allait dépanner d'autres
automobilistes un peu plus loin, nous passons avant. Deux coups de manivelle,
et la roue est changée. L'incident est clos, ou presque. La roue de secours nous
empêche de dépasser les 50 miles. Nous nous traînons donc jusqu'à notre prochaine
étape, dépassés par les caravanes et les trucks… que la route est longue.
Lire la suite : Voyage à Las Vegas, Nevada
Voir aussi : Photos Vallée de la mort
Carnets de voyage :
New York, les pompiers de Manhattan /
New Haven Connecticut /
Boston, le 4 juillet /
Niagara Falls, Canada / Toronto, Canada /
Voyage à Montréal /
San Francisco Oakland / Death Valley, Furnace Creek, Baker et Shoshone /
Voyage à Las Vegas /
Rhyolite: ville fantôme /
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Voyage à Auckland, Nouvelle-Zélande
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