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CHOCOLAT.TV > THAILANDE > TSUNAMI
Le Tsunami du 26 décembre 2004
Il était 7 heures 58 minutes et 50 secondes précisément
ce matin-là lorsque les aiguilles des appareils sismologiques
du bureau de géophysique de Djakarta en Indonésie s'agitent
; elles annoncent un tremblement de terre alors estimé à
6,4 sur l'échelle de Richter.
A 260km de là, au large de l'île indonésienne de Sumatra,
les eaux commencent à s'agiter. Ce tremblement de terre
se révèle être d'une intensité rare : 9.0 sur l'échelle
ouverte de Richter, l'un des plus violents séismes jamais
enregistrés au monde. Il s'active à 160 kilomètres de la
terre la plus proche, sur la plaque tectonique indienne
et la microplaque Andaman, à 30 mètres de fond. Il va bientôt
créer une vague énorme et meurtrière, un raz-de-marée. C'est
ce que les Japonais appellent un Tsunami.
A 8h 38 (heure locale), quarante minutes après le séisme,
la première vague haute de quinze mètre s'abat sur la désormais
tristement célèbre province d'Aceh, en Indonésie et simultanément
sur les Îles Nicobar (Inde).
20 minutes plus tard, le raz-de-marée atteint les îles de
la mer d'Andaman et du Golfe du Bengale, le Sud de la Malaisie
et de l'île de Sumatra.
45 minutes s'écoulent avant que ce mur d'eau d'une dizaine
de mètres s'abatte sur la Thaïlande, la Birmanie l'Inde
et le Sri Lanka… A ce moment-là, près de deux heures se
sont écoulées depuis le tremblement de terre détecté au
large de Sumatra.
45 autres minutes défilent avant que la vague n'atteigne
le Bangladesh, et Singapour.
Près d'une demi-heure plus tard, le tsunami inonde Malé,
la capitale des îles Maldives.
5 heures après, la vague déferle toujours et touche l'île
Rodrigues, l'île Maurice, les Seychelles et la Réunion.
Trois heures encore et le tsunami s'essouffle et termine
sa course meurtrière à 5000km de l'épicentre du séisme,
en Afrique sur les côtes somaliennes et tanzaniennes.
Cette énergie extrêmement puissante aurait définitivement
modifié le visage de la Planète Terre, déplaçant la faille
sismique d'une dizaine de mètres vers le sud-ouest. Les
premières observations indiquent d'importants déplacements
de certains reliefs, dans la région touchée. Les cartes
géographiques devront être réétudiées. L'impact aurait aussi
eu des conséquences infimes sur les pôles géographiques.
Ce conséquent déplacement de masse au centre de la planète
aurait ainsi écourté nos journées de trois microsecondes
selon un géophysicien de la NASA.
De nombreuses répliques furent enregistrées les jours et
les mois suivants, plongeant la population dans l'angoisse
; courant se réfugier dans la montagne dès la moindre rumeur
pour les plus courageux qui avaient osé réintégrer les côtes.
Une quarantaine de répliques dépassèrent la magnitude de
6. En mars 2005, un séisme de 8.7 a même été enregistré
au large de l'île indonésienne de Nias. Aujourd'hui encore,
l'activité sismique est inquiétante dans la région et attentivement
surveillée par les spécialistes.
Longtemps, les estimations du nombre des victimes de la
catastrophe furent hésitantes avant de se stabiliser dans
toute leur horreur. Entre 216'858 (selon les autorités des
gouvernements des pays concernés) et 223'492 (selon les
Nations-Unies) personnes perdirent la vie ce matin-là et
beaucoup de familles durent se résigner à ne jamais retrouver
le corps de leur proche, emporté au large de la mer d'Andaman.
L'Indonésie, la terre la plus proche de l'épicentre, paie
le plus lourd tribut, avec plus de 128'800 morts.
Le Sri Lanka déplore 31'000 victime. L'Inde plus de 12'400.
La Thaïlande 5399 dont 2245 touristes étrangers. La Somalie,
à 5000km de l'épicentre pourtant, près de 300 morts, essentiellement
des pêcheurs en mer. Les Maldives, plus de 80 victimes.
La Malaisie, plus de 60. La Tanzanie, 10. Les Seychelles,
3. Le Bangladesh 2. Le Kenya, 1.
Le bilan encore provisoire des victimes étrangères (touristes
pour la plupart) fait état de plus de 3'040 victimes vivant
dans plus de quarante pays différents, européens, asiatique
et américains. 1870 corps ont été identifiés. L'Allemagne
déplore le plus grand nombre de ressortissants touchés,
plus de 480. La Suède, 461. La Grande-Bretagne, 135. La
Finlande, 107. La France, 95, la Suisse, 87.
Sitôt les macabres décomptes effectués, les premières accusations
se font entendre. Ce raz-de-marée aurait pu être prévu.
La vague gigantesque a mis quarante longues minutes pour
atteindre et dévaster les premiers pays côtiers, presque
deux heures pour dévaster les îles de Thaïlande et du Sri
Lanka. Mais sans système de surveillance et d'alerte efficaces,
personne ne pouvait l'anticiper et fuir. Des témoins racontent
même s'être approchés de la plage par curiosité pour observer
l'étrange phénomène de la mer qui se retire massivement
et rapidement, signe pourtant annonciateur du raz-de-marée
à venir. Personne ne les a avertis.
C'est un drame saisissant au lendemain de Noël, sur fond
de carte postale, entre les palmiers et le sable fin. Une
catastrophe à des milliers de kilomètres de son chez soi
qui est ressenti comme un traumatisme international, chacun
s'identifiant à ses touristes occidentaux arrachés à la
vie en pleines vacances. Le public est inondé d'images amateurs
tournées par un peu tout le monde, de sa chambre d'hôtel
ou de la terrasse du restaurant. Durant plusieurs semaines,
les journaux télévisés du monde entier se focalisent uniquement
sur le Tsunami le plus meurtrier de l'histoire.
Aussitôt, les Nations Unies et les associations humanitaires
actives sur le terrain lancent des campagnes de dons, massivement
relayées par les médias, qui saluent chaque initiative personnelle.
Les Allemands sont les plus solidaires, affectant plus d'un
milliard d'euros de dons privés et publics à l'assistance
aux victimes du Tsuanmi.
Il s'agit de la plus importante campagne de récoltes de
dons de l'histoire humanitaire. La récolte dépasse toutes
les attentes, tellement que Médecin sans frontière déclarera
honnêtement avoir reçu trop de dons pour pouvoir tous les
affecter aux victimes du Tsunami.
Les autres grandes associations n'en ont pas fait de même.
Elles ont aujourd'hui bien du mal à justifier leurs maigres
dépenses au vu des dons sans précédent recueillis. Une année
après le drame, plusieurs journalistes ont enquêté dans
la région et constaté que la pauvreté, la faim et les traumatismes
étaient toujours là… mais pas les organisations humanitaires.
Elles se défendent en prétextant une gestion prudente des
dons et un travail sur le long terme, dans l'esprit du développement
durable.
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