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Ash Fork, Arizona. Comme un cliché figé de la Route 66
Prochaine étape direction ouest sur la 66 en Arizona, Ask Fork. Ville presque fantôme peuplée de 450 âmes et des poussières, souvent isolées les unes des autres par plusieurs miles, décor de film qui s'est d'ailleurs prêté au cinéma, à plusieurs reprises, accueillant en 1947 le couple mythique Bogart – Bacall dans le « film noir » (en français dans le texte) « Dark Passage » de Delmer Daves.
Au cœur de la localité, quelques baraques, la poste, une station service ainsi qu'un Diner très folklo, point de rencontre des cowboys de la région.
Botte santiag clouée sur les poutres supportant une terrasse devant l'entrée et phrase invitante manuscrite sur un panneau en bois: « Come on in Folks. Were open 7 days 6 am till 10 pm » (Entrez « Folks », ouvert tous les jours de 6 à 22 heures). Alors on entre... dans un décor figé au temps de la 66.
Beige, turquoise, Formica, même les serveuses semblent évadées d'un autre temps. Les habitants de Ash Fork y sirotent un Coke frais et chicanent les serveuses qui rient de bon cœur. C'est inscrit au mur : « Be nice to your waitress cos a good waitress is harder to find than a bad customer ! Thx » (Soyez sympas avec votre serveuse car une bonne serveuse est plus difficile à trouver qu'un mauvais client !)
La serveuse a de la chance, ce n'est pas le style des gars du coin. Ils bavardent volontiers avec les visiteurs de passage et les informent de tout un tas de bons plans, hébergement, tarifs de l'essence (plus on descend dans le sud, plus elle est chère en général). Ce sont eux qui nous encouragent à faire un détour par Williams plutôt que de passer la nuit à Flagstaff. Alors on fait suivre le conseil Lire le chapitre consacré : Williams, Arizona. Dernière ville traversée par la Route 66 en 1984
Ici, on vit simplement, sans eau ni électricité, au milieu de prédateurs dangereux. Les serpents à sonnette, tués d'un simple coup de couteau, ornent parfois les Stetson. Il paraît que coupé en petits morceaux et grillés avec des oignons, c'est délicieux.
Au village, les surdimensionnés Pickup circulent chargés de lourds réservoirs d'eau qu'il faut remplir plusieurs fois par semaine. L'électricité, lorsqu'elle est acheminée, est réduite à sa plus nécessaire utilité, parfois assurée par des panneaux solaires.
Autrefois, la ville comme des milliers d'autres, vivaient de la Route 66. Témoins muets, de vieux panneaux laissés au bord de la chaussée, des pompes à essence que l'usure a rouillée. Aujourd'hui, l'activité économique de Ash Fork tourne principalement autour de l'extraction d'un roche locale, la « Kaibab stone ».
Portrait : Loin de toute civilisation, le rêve de Hugh
Ash Fork, Arizona
Appuyé à à la table du Restaurant Diner d'Ash Fork, plongé dans sa banquette beige imitation faux cuir et son Coke frais, deux choses attirent d'abord l'attention : ses longues moustaches consciencieusement roulées et modelées en deux pics recourbés vers le haut, comme de fines et délicates cornes de buffles, et son large Stetson noir piqué de fragiles squelettes blancs, presque transparents.
Il s'appelle Hugh. C'est un cowboy, un vrai.
- Sur mon chapeau ? Hugh le retire et manipule les délicates décorations. Ce sont les extrémités des serpents à sonnette. Il y en a beaucoup dans la région.
Il sort, ouvre la portière de son Pickup blanc et tire un couteau à la lame généreuse d'un fourreau de cuir.
- Un coup pour le tuer, un deuxième pour retirer la peau. Coupé en morceaux et grillés avec des oignons, c'est délicieux.
Les serpents ne sont pas les seuls prédateurs. Les coyotes rôdent souvent autour du domaine que Hugh partage avec son épouse, 18 chiens, 30 chats... et 3 lamas ! A 9 miles (14 kilomètres) de toute civilisation, ils vivent dans un décor grandiose, désertique, sans eau, (presque) sans électricité, sans Internet. Le téléphone a été installé l'année dernière.
Pourtant, ce couple fraîchement retraité évoluait jusque là dans un décor franchement différent, bien loin des étendues désertiques, dans l'État de Washington, au nord du pays, à la frontière canadienne. En balade en Arizona, il tombe amoureux de la région et d'un domaine aux allures de bout du monde. Même la route goudronnée n'y accède pas.
Seul lien avec la civilisation, le réapprovisionnement hebdomadaire en eau, au village, dans la large citerne en plastique posée à l'arrière du Pickup. L'occasion de boire un coup, de discuter de tout et de rien avec les serveuses et les copains du village. Derniers potins, bonne blagues sur la politique.
Pour l'électricité, c'est plus compliqué. Non relié au réseau, le couple ne consomme que ce qu'il génère, par quelques panneaux solaires. Leurs ressources les limitent au strict minimum. Écologie ?
- Non, nécessité. Sourit Hugh.
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